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L'église, originalement en Poitou, est entourée d'un vieux cimetière
aux tombes enfouies sous le lierre et de grand cyprès.
Une croix hosannière gothique du XVe s. précède la facade principale. St Pierre (clé), St Paul, St Jean et St Jacques le majeur (en pélerin) y figurent sous des niches en accolade.
Cette église romane d'admirable exécution est un chef d'oeuvre
de l'art roman du XIIe siècle.
Placée sous le vocable de Saint Pierre de la tour, elle comporte une
abside et deux absidioles reliées à un transept de choeur s'ouvrant
sur une nef et deux collatéraux à cinq travées.
A l'intérieur, une partie du décor des chapiteaux représente
l'iconographie de Samson : victorieux du lion, séduit par Dalila, s'endormant,
enchainé, cheveux coupés, perdant sa force... On y trouve aussi
des scènes du péché originel avec Adam, Eve et le serpent,
de chatiment avec des pêcheurs dont la tête est engloutie dans la
gueule de félins, d'autres déchiquetés par des dragons.
Le chatiment de l'avare est représenté par une bourse pendue à
son cou. Ailleurs, Saint Georges ayant attaché son cheval à un
arbre, est victorieux du dragon et délivre une princesse. Animaux fantastiques,
lions couplés à une seule tête, acrobate grimaçant
et serpents, de beaux oiseaux dans les feuillages, Cain assénant un coup
de massue sur la tête de son frère Abel se préparant à
offrir l'agneau du sacrifice, griffons mordant l'aile de leur bec...
Un chapiteau représente des éléphants désignés
par une inscription latine : "Hi sunt elephantes"
A la naissance des pendentifs, les figures symboliques des quatre évangélistes.
A l'extérieur :
A la fenêtre sud-est, un chapiteau sur lequel l'Archange St Michel dispute
les âmes au démon.
Sur les modillons :
Monstres, joueurs d'olifant, un guerrier, oiseaux buvant une coupe, personnages
enlacés...
Près de l'absidiole sud à la corniche à arcatures, une
tête barbue environnée de feuillages, un damné dans la gueule
d'un lion.
La facade du bras sud du transept est extraordinaire :
Le portail comporte quatre voussures.
La première d'inspiration orientale, présente des sphinx ou griffons
entrecoupés de masques d'animaux dans un décor de rinceaux noués.
Sous le ressaut de la seconde, Vingt-quatre atlantes aux bras levés semblent
soutenir les vingt-quatre porteurs de fioles dialoguant deux à deux sur
la voussure, les douze grands prophètes et douze apôtres incarnant
l'ancienne et nouvelle loi.
sous la troisième voussure, trente et un personnages main levée
(un par claveau) sont agenouillés sous trente et un vieillards couronnés
portant vases et fioles, allusion au chapitre IV de l'Apocalypse de Saint Jean.
Les trente-quatre claveaux de la quatrième voussure illustrent un étonnant
bestiaire de dragons, un griffon, centaure à l'arc visant un cerf, cyclope
ailé, sirènes barbues, tritone , un homme et lion, un âne
musicien, oiseaux buvant au calice, un clerc à tête d'âne,
un bélier, un rapace nocturne...
Le treizième claveau, une femme-serpent, comporte l'inscription "chimera".
Des lions et personnages agenouillés dans des rinceaux complètent
l'archivolte.
Au dessus d'une vigoureuse corniche dont les modillons montrent un guerrier,
un couple et des acrobates, trois arcatures dont celle du milieu en arc brisé
présente une rose gothique rajoutée, surmontent une grande porte
en plein cintre.
Quatre guerriers casqués derrière de longs boucliers évoquent
les quatre vertus cardinales triomphatrices des vices apparaissant sous les
traits de démons squeletiques.
Du côté nord, allégorie de l'église ?, un buste de femme tenant une hostie dans chaque main orne un chapiteau de fenêtre.
Sur la facade Occidentale se tenait au dessus des arcatures un cavalier dont la révolution ne nous a laissé qu'une pauvre morceau. S'agissait-il de l'empereur Constantin délivrant l'église des persécutions, ainsi qu'on le représenté souvent ?
Le portail central comporte trois voussures :
Six anges au centre de la première voussure : l'agneau crucifère est porté par deux anges surmontant deux anges thuriféraires et deux anges adorateurs.
Sous les traits d'êtres casqués abbatant des êtres squeletiques
et désarticulés de leurs lances et de leurs boucliers effilés,
le triomphe des vertus sur les vices illustre nommément la seconde voussure
:
la patience sur la colère, chasteté sur luxure précèdent,
à la clef de l'arc, humilité sur orgueil et largesse sur avarice
(à la bourse suspendue à son cou) partagent la couronne des justes,
puis viennent foi sur idôlatrie et concorde sur discorde...
La troisième voussure illustre la parabole des Vierges sages et folles de saint Matthieu, entourant l'époux divin à droite duquel la porte est fermée. De ce coté qui est la gauche du Christ ou coté senestre (sinistre), elles tiennent leurs lampes renversées.
Dans la voussure externe se déroule le temps à travers les signes
du zodiaque et les occupations des mois de l'année, reprenant l'application
des sujets aux claveaux :
Homme se chauffant en janvier (Verseau),
portant une pelisse à longues mèches en février et surmonté
de poissons.
Après trois claveaux non sculptés, une tête dans les feuillages
figure mars surmonté d'un bélier et de l'inscription ARIES.
Avril et mai manquent ici et ne subsiste que les gémeaux surmontés
de la fin de l'inscription (ge)MINI.
un couple de paysans affairés figure la fenaison de juin. suivent un
lion et le cancer qui sont intervertis.
La moisson de Juillet avec faucille et tige croisée se devine à
peine.
Les inscriptions "Virgo" et "Augustus" surmontent une Vierge
aux rangées d'épis et d'un batteur (disparu aujourd'hui)
Une femme surmonteé de l'inscription "libra" tient une balance
sur sa poitrine tandis qu'une scène de vendanges illustre septembre.
Presque effacé, un homme et porcs à la glandée sans scorpion
pour octobre
Un sagitaire brisé surmonte une bête au râtelier pour novembre
Capricorne surmontant l'arcature sous laquelle un homme est attablé pour
décembre.
Les modillons et ornements de la corniche sont très expressifs.
Sur le portail de gauche figure la mort de Saint Pierre, tête en bas, dont les bourreaux frappent les clous fixant les pieds de l'apôtre. Les branches de la croix se terminent en fleuron.
L'arcature de droite, très mutilée, présente sans doute le Christ entouré de Saint Jean et de la Vierge (ou St Paul et St Pierre) et conserve des traces de polychromie.
On remarque sur un des chapiteaux une inquiétante Luxure mordue par des crapauds et des serpents.
L'ensemble des sculptures d'Aulnay fait montre d'une grande virtuosité où les représentations terrifiantes fustigent souvent l'homme et la femme.
Elle est considérée à raison comme une des plus belles représentations de l'art sculptural roman en Europe.
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